Robert Christe, né à Porrentruy le 22 mars 1924, est décédé le 2 août 2024 à Saint-Ursanne.
L’adieu à Robert Christe a eu lieu à Saint Dizier l’Évêque, petit village du Jura français à la frontière suisse. A la lecture du texte ci-dessous on comprend bien pourquoi Robert Christe a été fasciné par la modernité et la probable efficacité des traitements thérapeutiques pratiqués dans ce lieu de pèlerinage.
On sait peu de choses sur Dizier lui-même, une légende de sa vie fut écrite peu après sa mort.
Il vécut au VIIe siècle et fut évêque de Rennes. De retour d’un voyage à Rome il s’arrête ici-même, où se trouvait un oratoire à saint Martin. Il commence par faire un miracle en rendant inépuisable l’eau qui manquait dans le pays.
Par la suite, en quittant ce lieu sacré, lui et son domestique sont attaqués par des voleurs qui savaient qu’ils transportaient des objets de valeurs. Dizier est mortellement blessé et le domestique reçoit un coup de glaive qui lui fend le crâne. Dizier avant de mourir fait un nouveau miracle : il recoud et guérit la tête de son domestique.
Saint Dizier est enterré dans l’oratoire par ses fidèles et au fil des siècles adviennent de nombreux miracles de guérisons de blessures à la tête : son tombeau devient l’objet d’un pèlerinage thérapeutique pour les malades de la tête, et ce jusqu’au milieu du XIXe siècle.
Pendant des siècles les aliénés sont venus dans le village pour une durée de neuf jours :
ils étaient logés dans l'église et dans le presbytère. Ils devaient suivre un régime alimentaire très strict, ils étaient conduits chaque matin à la fontaine du Val, en contrebas de l'église, où ils étaient baignés nus dans de grands bacs de pierre. Des prières et exorcismes étaient récités devant les malades, qui devaient communier chaque matin et passer sous le tombeau du saint, appelé pour cette raison la "Pierre des Fous". Les malades étaient accueillis dans les maisons du village et participaient aux veillées. Chacun d'eux était accompagné d'un gardien ou d'une gardienne.
Au hameau du Val de Saint Dizier, les grandes auges de pierre situées le long d'un mur à côté du vieux lavoir étaient destinées aux bains rituels des pèlerins.
D’un point de vue médical, cette "cure hydrothérapique", combinée avec la vie au grand air du plateau de Saint Dizier et la sollicitude des habitants du village, était finalement un traitement très rationnel des troubles mentaux. Avant de les admettre aux soins, le curé se renseignait sur les antécédents héréditaires et familiaux des pèlerins atteints de folie…. ceci à une époque où on avait plutôt tendance à enfermer sans ménagement les malades mentaux plutôt qu'à tenter de leur donner des soins.
A la fin de ses études de médecine à Bâle, Robert Christe choisit de suivre pendant un an l’enseignement de la chimie, la médecine n’offrant alors aucune place d’assistant. Nécessité financière oblige, il entre ensuite dans la seule place disponible : responsable d’une division de psychiatrie de personnes agitées à l’Hôpital Universitaire de Bâle. Ses connaissances en chimie lui ont permis d’assumer parallèlement les tâches de laboratoire et de participer aux découvertes de nouvelles conceptions de médicaments en psychiatrie.
Un stage à l’hôpital psychiatrique Sainte Anne de Paris lui fait connaître les travaux de Le Riche, célèbre chirurgien qui, partant de ses observations sur les blessés des champs de bataille, a remplacé la stimulation par l’hibernation, concept que ses collègues psychiatres ont utilisé pour tranquilliser leurs patients. C’est dans la division de femmes agitées à Bâle où travaillait Robert Christe que cette nouvelle approche a été introduite : la naissance des neuroleptiques.
A Bâle, le côté humain des prises en charge telles que : discussions avec le patient, activités proposées (exemple atelier de reliure), sorties accompagnées, a marqué sa conception de la psychiatrie, conception soutenue par un intérêt profond pour l’anthropologie et la biologie, sans oublier sa passion pour la botanique comme en témoigne la création de son jardin, inscrit au Patrimoine des Parcs et Jardins de Suisse.
Devenu Dr med. FMH en psychiatrie et psychothérapie pour enfants et adultes, sa carrière a été très innovante : création du premier Office Médico-Psychologique, le seul de son canton d’origine, puis, d’une formation universitaire de logopédistes cliniques rattachée à l’Université de Berne.
Infatigable archéologue de la pensée et de la parole, ce passionné de l’origine s’est engagé sur un nouveau terrain d’innovation et de création, en offrant à ses patients une passerelle vers des activités artistiques et à cette fin, il crée la Fondation Axiane.
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